« Transnomades » est le nom d’une série d’événements dont le but est d’exposer les créations et innovations numériques par des artistes de diverses cultures, venant des différents coins du monde. Initiés par Transcultures, Centre des cultures numériques et sonores et le service de la Culture de Saint-Gilles1 , cette manifestation a eu lieu le week-end de 4 à 6 octobre 2013, à la fois à la Maison des Cultures et à la Maison du Peuple mais aussi au Centre culturel Jacques Franck et à l’Atelier du Web. Voici un petit reportage qui relate l’un des événements « Transnomades-Art(s) en Réseau(x) 2013 », le débat nommé le « Goûter numérique » ainsi que les performances « WJ-S » live qui suivait juste après.
Le « Goûter Numérique » (en collaboration avec le Café Numérique Bruxelles) proposait, dans une ambiance conviviale, des présentations, discussions, débats autour de quatre projets numériques liées à cet événement : « The LinkedTV » est un projet européen dont le but est d’innover le lien entre la télévision et l’Internet ainsi que le partage des informations médiatiques entre ces derniers. Il consiste en une élaboration d’un « nuage ubiquitaire en ligne du Contenu Audio-Visuel du Réseau » ( « ubiquitously online cloud of Networked Audio-Visual Content ») qui permettra la programmation audio – visuelle qui pourra être visible soit visible sur un téléviseur, smart phone, tablette ou un appareil informatique personnel. Ainsi ce projet crée non seulement des nouvelles possibilités commerciales mais aussi des opportunités pour l’éducation , l’exploration et le renforcement de la société européenne et de son patrimoine culturel.2 Cette initiative innovante nous a été présenté par Thierry Dutoit, directeur de l’institut de recherche Numediart de l’Université de Mons1 .
Malo Girod de l’Ain, directeur du portail international Digitalarti 1 nous a présenté (en direct sur Skype) son ArtLab. Il s’agit d’un atelier recherche, de développement et de prototypage recueillant les artistes et techniciens de de plusieurs manières (résidence, free-lance, visite, formation/assistance, atelier… ) dans le but d’organiser des projets d’œuvres d’art numériques.
L’approche y est multidisciplinaire, basée sur les possibilités technologiques et l’inspiration des artistes. La sélection des projets se fait sur plusieurs critères (qualité artistique, connaissances techniques, contribution, capacité d’intégration du projet etc). L’atelier comporte le matériel nécessaire, y compris les ordinateurs avec tout système opérationnel souhaité (Windows, Mac OSX, Linux), le circuit imprimé PCB, les postes de travaux électriques, la machine à commande numérique CNC et l’imprimante numérique. Le FabLab nous fut présenté par Aurélie Ghalim, jeune journaliste (master en histoire et New Medias and Digital Culture), actuellement chargée de communication du Gsara. Elle nous a parlé de son expérience au FabLab de l’Université de Cali en Colombie, où elle est allé en tant que chercheuse.1 Un FabLab (contraction de l’anglais « fabrication laboratory» ) est un laboratoire de fabrication public équipé de toutes sortes d’outils permettant de fabriquer des objets en contrôlant le processus de fabrication sur l’ordinateur. Le public accueilli est très divers ; il comprends les entrepreneurs, les designers, les artistes, les bricoleurs, les étudiants les hackers…. Les objets produits y sont uniques et sont variés aussi par leurs fonctionnalités (objets décoratifs, objets de remplacement, prothèses, orthèses, outils,… ).3 Ce genre d’atelier est donc différent de l’ArtLab au niveau de l’exigence par rapport aux personnes admises et au niveau de la production, dont le temps est nettement moins long que celui des projets ArtLab. Selon Aurélie Ghalim, cet atelier contribue de façon positive à la formation des enfants et des adultes en leur proposant de découvrir la science de manière divertissante. Il permet en outre une contribution sociale à la communauté en rendant les personnes présentes pas seulement des consommateurs mais aussi des producteurs 5
Enfin, juste après le « goûter », Anne Roquigny, lauréate du prix Mobile 2013, 1 nous présente le logiciel WJ-S . Il s’agit dispositif public de performances web qui permet à des WJ-S (c’est-à-dire des webjays, webjockeys, artistes, curateurs, passionnés et mutants du web) 1 de gérer le contenu des cites web en ligne (principalement des vidéos) et de pouvoir le projeter simultanément sur 3 écrans différents de la salle. Le tout accompagné d’une playlist de musique ou de sons préalablement choisis, le but de chaque performance est de former un équilibre entre les 3 écrans afin de passer un message ou tout simplement créer une ambiance particulière. Chaque WJ qui ne se trouvait pas dans la salle ce moment était appelé à son tour par Skype (le 4ème écran montrait son visage en ligne) pour qu’il présente son projet en 7 à 10 minutes. Deux des participants ont pu nous exposer le contenu de ses œuvres directement et performant dans la salle même. Les artistes qui ont participé sont Valentine Siboni (Bruxelles, Belgique), James Hudson (Bruxelles, Belgique), Systaime (Paris, France), Eric Pajot (Paris, France), Pierre Piccon (Strasbourg, France), Ana-Maria Huluban (Cluj, Roumanie), Lucian Harbădă (Cluj, Roumanie), Yi Donghoon – Otto (Seoul, Corée du Sud), Igor Štromajer (Francfort-sur-le-Main, Allemagne) , Miyö Van Stenis (Guatire, Venezuela). 1 En ce qui me concerne, j’ai trouvé cet événement très intéressant, en mesure que je découvrais en profondeur l’art « purement numérique » . Le projet évoqué durant le « Goûter Numérique » et qui m’a le plus intéressé est le FabLab, je trouve cela très tentant d’avoir la possibilité utiliser des machines professionnelles, rares et surtout très coûteuses (donc très difficiles à obtenir chez soi) dans le but de réaliser ses projets et créations personnelles. J’espère un jour de pouvoir visiter un atelier de ce genre à Bruxelles, surtout pour effectuer quelques expériences avec l’imprimante 3D.
Pour ce qui est la performance, j’ai beaucoup aimé l’idée en général, le concept de création d’œuvre d’art cinématique en utilisant simultanément 3 écrans était quelque chose de nouveau et inattendu pour moi. Je trouve qu’il y avait certains artistes qui accomplissaient leurs performances sans problèmes, d’autres avaient des difficultés au niveau de la gestion du logiciel (absence de son, d’image sur l’un des écrans …) et le celle des contenus des cites web (vidéos de Youtube qui ne voulaient pas charger, les restrictions d’âge …) mais dans l’ensemble chaque artiste participant à cette soirée avait plus au moins réussi de présenter l’essentiel de leur œuvre numérique.
J’ai particulièrement aimé la performance de Éric Pajot, notamment grâce à la musique qu’il a choisie – industrielle, aux sons inquiétants, elle m’a personnellement beaucoup plu. Les vidéos qu’il faisait projeter sur les écrans étaient tout aussi correspondant et harmonieux entre eux, les thèmes sombres de la mort et décadence technologique étaient très bien mis en évidence, soulignés par les couleurs des flammes, des explosions contrastées par le noir. J’espère l’opportunité d’avoir, un jour, un autre contact avec lui pour avoir plus d’informations sur la musique et les vidéos qu’il nous a fait voir.
J’ai été également impressionnée par la performance de Lucian Harbădă. Le vidéos composés uniquement de formes géométriques noirs et blancs, clignotant continuellement à toute vitesse, le bruit électronique et pesant de fond, le caractère répétitif et incessant de la présentation – tout correspondait parfaitement au thème de « lumières clignotantes » choisi par l’arise, même si après la présentation j’avais personnellement fini par avoir mal aux yeux. Au final, cette initiative « Transnomades-Art(s) en Réseau(x) » a été intéressante, originale et surtout très utile pour moi, étudiante de l’Institut Saint-Luc – section Arts Numériques ; je la recommande fortement à tout personne passionnée par ces formes créatives qui utilise les progrès technologiques.
Maria Antonik
ESA Saint-Luc – Arts Numériques 1